région nord pas de calais la plus touché ( ma région)

Maladies digestives : la région se mobilise



jeudi 27.11.2008, 07:55

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Christel
Neut et Jean-Frédéric Colombel: « Une des hypothèses dans l’origine des
maladies est très probablement le déséquilibre de la flore intestinale.
» Les causes peuvent être « environnementales,
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Digestscience
est la première fondation en France dans le domaine de la
gastro-entérologie. Le Nord - Pas-de-Calais est fortement touché par
ces pathologies.



Le
Nord - Pas-de-Calais est une des régions du monde où le nombre
d'habitants touchés par les maladies digestives est le plus important.
Et le phénomène prend de l'ampleur.OAS_AD('Position1');

À des degrés divers (maladie de Crohn, colopathie, etc.), des
patientes parlent de leur maladie et des espoirs placés dans la
recherche. Des pathologies souvent envahissantes qui bouleversent le
quotidien.
Pour donner un coup d'accélérateur à la recherche, Pierre
Desreumaux vient de créer une fondation qui organise son premier
congrès international demain à Lille. Il compte sur des partenaires
privés pour aider la recherche. Avec un intérêt évident pour les
patients et pour la région qui pourrait attirer des chercheurs de
grande renommée.
« Juste revoir les choses »

La vie de Florence
Salomé, 35ans, marcquoise, a basculé il y a onze ans En juin 1997,
quand son médecin lui a confié qu'elle était atteinte de la maladie de
Crohn. Tout a commencé par une gastro, en début d'année 1997. « Une première, une deuxième, et un amaigrissement de dix kilos... » Sans que les premiers traitements ne produisent de réels effets. « Heureusement,
mon médecin a eu le réflexe de m'envoyer chez un gastrologue qui, à
l'aide d'une coloscopie, a pu découvrir des lésions typiques de la
maladie de Crohn. » Et du jour au lendemain, un univers qui bascule pour celle qui était alors infirmière en santé au travail. « C'est mon généraliste qui me l'a annoncé, souligne-t-elle, avec des mots que je n'ai pas oubliés : “Ce n'est pas la maladie qui doit mener votre vie : vous devez mener vos projets en tenant compte de la maladie !” »
N'empêche, cette jeune maman d'un enfant en bas âge doit tout
revoir et affronter une année d'arrêt maladie (1999) qui s'achève par
une lourde opération, pour retirer deux parties de l'intestin. Mais le
temps de changer d'employeur et Florence retrouve l'envie de faire des
projets3. « Il a juste fallu revoir les choses, dit-elle, pas au niveau de la famille (j'ai eu deux autres enfants), mais dans les domaines professionnel et associatif. »
D'autant qu'il y a cinq ans a été diagnostiquée une spondylarthrite
ankylosante qui ne lui a pas permis de poursuivre son travail.
« Malgré tout, je pense pouvoir porter un message d'espoir
pour les malades de Crohn car je suis en rémission totaledepuis cinq
ans », déclare-t-elle, tout sourire. Un bonheur qu'elle doit à
un traitement (anti-tnf alpha) – créé ces dernières années – que
certains patients « n'osent pas prendre ». La fondation ? Elle la voit d'un bon œil : « Cela permettra de faire avancer la recherche, de multiplier les traitements et de trouver les causes de la maladie. » Pour que d'autres, comme Florence, trouvent l'envie de « savourer l'instant présent ».
« Une maladie envahissante »

C'était il y a huit mois. Marie-Élodie Waquet se réveillait avec
de fortes douleurs au ventre. Après de multiples examens, verdict :
colopathie fonctionnelle. Depuis, elle vit avec.
« Les premiers symptômes sont apparus fin avril : de
fortes douleurs dans le ventre, accompagnées de diarrhées et de sang
dans les selles. » Marie-Élodie, 28 ans, habitant à Faches-Thumesnil, qui a depuis appris « à vivre avec la douleur », se souvient très bien de cette journée : « Je
suis partie aux urgences où tous les examens possibles ont été faits.
Ils suspectaient même la maladie de Crohn car mon frère en est atteint. »
Et pourtant, fin juillet, le verdict tombe : Marie-Élodie est atteinte
de colopathie fonctionnelle, comme près d'un Français sur cinq.
Aujourd'hui, Marie-Élodie le regrette presque : « Les
prises de sang comme les examens étaient normaux Et moi, j'espérais
presque qu'on trouve quelque chose, de bénin évidemment, mais qu'on
puisse bien traiter. » C'est tout le problème de cette maladie
difficile à appréhender. Car depuis, l'état de Marie-Élodie n'a guère
évolué favorablement.
« Depuis avril, il n'y a pas un jour sans que j'aie mal au ventre »,
dit-elle, entre périodes de crise qui l'obligent à s'allonger et phases
de rémission. Ce qui au quotidien complique singulièrement la vie. « Je
suis angoissée à l'idée d'aller au supermarché, à la mer, chez le
coiffeur, stressée à l'idée de savoir comment les choses vont se passer », dit-elle.
Et pourtant, elle s'efforce de « mener une vie normale », entre son travail d'agent hospitalier et les sorties avec des amis, malgré une « maladie envahissante ». Sans doute « parce que c'est le début ». N'empêche, même si elle s'attend à « prendre un traitement toute (sa) vie »
–à base d'antispasmodiques et de probiotiques– elle espère bien un
jour que les douleurs s'éloigneront. Fin novembre, elle reverra le
professeur qui la suit. Plus tôt que prévu.
La recherche mène l'enquête depuis vingt ans

Vingt
ans La recherche menée au CHRU de Lille sur les maladies digestives ne
date pas d'hier. Avec des résultats mais aussi le sentiment de n'être
qu'au tout début des connaissances, notamment sur la flore intestinale
dont le rôle apparaît malgré tout primordial.
Tout
part d'un constat : « Le Nord - Pas-de-Calais est l'une des régions du
monde où il y a le plus grand nombre de pathologies inflammatoires
(notamment maladie de Crohn) et ça continue d'augmenter, notamment chez
l'enfant. » Forcément, Jean-Frédéric Colombel, professeur
d'hépato-gastro, et coordonnateur de recherches (étude des facteurs
génétiques, de l'environnement notamment), et Christel Neut,
enseignant-chercheur, ont en tête cette sentence pour continuer
d'avancer, comme leurs collègues du centre de recherche, sur le terrain
compliqué de « maladies apparues après la Seconde Guerre mondiale. »« Cela relève de l'enquête policière », note le professeur
Jean-Frédéric Colombel. Tant il apparaît difficile de remonter à
l'origine du mal. « On parvient à traiter l'inflammation quand elle est
déclenchée, poursuit-il, avec des traitements de plus en plus puissants
et qui marchent bien. Mais on ne traite pas encore les causes. » Des
causes qui apparaissent multiples, avec l'interaction de la génétique,
de l'environnement (« à l'œuvre particulièrement dans la région ») et
de la flore intestinale dont « le déséquilibre est une des hypothèses
dans l'apparition de la maladie ». « Car le problème, poursuit Christel
Neut, est que chez des personnes génétiquement “susceptibles”, un
déséquilibre de la flore intestinale ne va peut-être pas se remettre et
générer le processus inflammatoire ».
Reste que l'environnement suscite aussi beaucoup
d'interrogations. « Récemment, on a mis sur une carte tous les nouveaux
cas apparus depuis 1988, dans le Nord - Pas-de-Calais, la Somme, la
Seine-Maritime, dit le Pr Colombel, et on s'est aperçu qu'il y avait
beaucoup plus de cas dans le sud du Nord et la Somme. Pourquoi ? On ne
sait pas On va lancer des études écologiques »
Et toujours cette
interrogation valable pour la région (et plus largement la France
entière) : « Qu'est-ce qui a changé depuis la guerre dans notre mode de
vie pour expliquer l'arrivée de ces maladies ? » Dans l'alimentation,
l'hygiène, l'environnement, le mode de vie
Malgré tout, la
recherche avance avec un premier gène – découvert sur 40 % des
malades– qui « engendre un défaut de défense par rapport aux
bactéries ». Avec, bonne nouvelle, un nouveau médicament qui pourrait
être testé mi-2009 sur l'homme avant sa commercialisation. La fondation
arrive au bon moment pour accélérer les choses.