Dublin a rappelé tous les produits à base de porc fabriqués en Irlande, de la dioxine y ayant été détectée
Des résultats d'analyses de laboratoire d'échantillons de nourriture animale et de graisse de porc obtenus samedi par l'Autorité de sécurité alimentaire d'Irlande ont confirmé la présence de dioxine dans ces produits.
En outre, des produits irlandais à base de porc avec de la dioxine ont été détectés en France lors de contrôles à la frontière.
L'enquête chargée de déterminer la source de la contamination a révélé que des tests de routine effectués par les autorités françaises ont montré une contamination de produits à base de porcs irlandais qui avaient été découpés aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP Rodney Evans, le spécialiste en chef de la toxicologie de la FSAI (sécurité alimentaire irlandaise).
La première détection avait été faite par les autorités françaises
A la suite de ces tests positifs, dont la date n'a pas été révélée, la société néerlandaise concernée a été alertée et a prévenu la Belgique où avaient également été expédiés ces produits. Des tests pratiqués par les autorités belges ont aussi montré une contamination à la dioxine, a-t-il ajouté. "La première détection a été faite par les autorités françaises lors de contrôles à l'importation", a déclaré le spécialiste.
Les autorités néerlandaises ont alors retracé l'origine de la contamination sur des carcasses de porc irlandaises. Le problème ne concernait que "de la viande de porcs irlandais qui avaient été nourris avec des aliments pour porc irlandais", a poursuivi M. Evans.
Quelles conséquences en France ?
La direction générale française de l'Alimentation a déclaré que la France importait peu de porc irlandais. Dès dimanche matin, le ministère de l'Agriculture, dont dépend la direction générale de l'alimentation, "a contacté les professionnels (des industries agroalimentaires) pour qu'ils repèrent ce qu'ils auraient acheté en Irlande", a expliqué à l'AFP Monique Eloi, directrice générale adjointe de l'Alimentation, et retirent du marché la viande potentiellement contaminée. En matière de viande de porc, la France "a déjà une production nationale importante", a-t-elle expliqué, ajoutant que l'on importait donc peu de porc.
En outre, la France importe surtout du porc des Pays-bas et d'Allemagne, mais très peu de l'Irlande, a-t-elle ajouté. Elle évoque tout de même "quelques milliers de tonnes" sans être en mesure dans l'immédiat, d'être plus précise. Difficile également "dans l'immédiat", selon Mme Eloi de savoir sous quelle forme peut être commercialisée en France la viande contaminée. Il peut notamment y avoir "du bacon", cite-t-elle mais le porc peut également être utilisé dans d'autres préparations sans apparaître comme venant d'Irlande. "Il faut qu'on récupère le porc contaminé", a-t-elle ajouté, soulignant qu'il n'y avait pas de "risque sanitaire immédiat" comme dans des contaminations avec des microbes.
La décision de Dublin
"La FSAI (Autorité de sécurité alimentaire) demande à l'industrie alimentaire de retirer du marché tous les produits irlandais à base de porc fabriqués à partir de porcs abattus en Irlande", selon le communiqué des autorités de Dublin.
La contamination, qui proviendrait d'une préparation alimentaire, affecte les produits à base de porc produits depuis le 1er septembre, a indiqué une porte-parole du gouvernement. La contamination a été repérée à la fin du mois de novembre grâce à des tests de routine. Les autorités ont recommandé au public de ne pas consommer par précaution de porc irlandais ou de bacon. De nouvelles analyses doivent permettre de déterminer l'ampleur de la contamination.
La dioxine entraîne un risque accru de cancer
Les dioxines, qui sont des polluants organiques persistant, peuvent provenir d'événements naturels comme les feux de forêts. Mais ce sont pour l'essentiel des sous-produits de procédés industriels: incinérateurs de déchets, fonderie, métallurgie, production d'herbicides et de pesticides.
L'exposition à des doses très élevées de dioxine a été associée à un risque accru de cancer. Or les doses règlementaires fixées par l'Union européenne, qui nécéssitent l'arrêt de la commercialisation et de la consommation, sont très faibles, présentant peu de risques pour la santé, selon les responsables de la sécurité alimentaire.
La mesure annoncée samedi va toucher durement l'industrie du porc en Irlande, un secteur qui emploie 5000 personnes et rapporte 400 millions d'euros. Selon le Bureau national de la statistique, environ 1,5 million de porc ont été abattus depuis le mois de juin. Le bacon est un aliment régulier du petit déjeuner en Irlande tandis que le jambon est un plat traditionnel à l'approche des fêtes de Noël. L'Irlande a exporté pour 368 millions d'euros de viande porcine en 2007, dont la moitié vers la Grande-Bretage.
Le ministre de l'Alimentation, Trevor Sargent, a assuré qu'il ferait son possible pour que les produits à base de porc soient de nouveau commercialisés. Mais "la sécurité alimentaire et l'intérêt des consommateurs sont la priorité numéro un qui a inspiré cette action du gouvernement", a-t-il dit.